
Les abstractions concrètes de Kaia Kiik
« Quand il n’y rien dans mon travail qu’on ne puisse trouver dans la réalité, alors ce n’est pas une œuvre » (Kaia Kiik)
En entrant dans l’espace, on est d’emblée confronté à un monde qui apparaît abstrait, minéral, figé ; on perçoit des surfaces irrégulières, des failles, des monticules, des variations de gris et de beige, du sombre au clair, et ici ou là des touches de couleurs. C’est comme si on avait devant soi des paysages vus d’en haut, mais à travers des lunettes grossissantes qui réduisent l’étendue du regard et figent les détails.
En s’approchant, en passant de tableau à tableau, on devient sensible à la diversité des mondes en présence. On passe d’un bout de réalité à l’autre, chacune sortie de son contexte et mise à nu dans ses éléments de base. Et on comprend que Kaia Kiik travaille dans un mode concret, loin de toute abstraction. Ses tableaux sont comme des bribes d’une réalité, des mémoires transcendées du monde. L’envie vient alors de toucher les tableaux, de faire l’expérience de leur matérialité, de sentir sous sa main toute la rugosité et l’irrégularité des surfaces, de suivre leurs creux avec ses doigts, de longer les failles creusées ici et là par l’érosion naturelle, laquelle fait partie du processus de création de l’artiste, et de repérer les objets incrustés qui sont autant de signaux pour éclairer le monde qui résonne dans le tableau. La diversité des mondes présents dans l’espace est immense : de l’estran de la baie de Somme aux paysages volcaniques de l’Ile Maurice, du désert du Mexique aux tourbières de l’Estonie, de la ville et ses déchets aux haras plus familiers.
Les mondes de Kaia Kiik sont toujours ancrés dans la réalité et liés fortement à la Nature. Mais ils ne sont pas faits que de minéralité. Dans une autre partie de l’exposition, d’autres œuvres, d’une transparence trouble, donnent à voir un monde marin, à la fois réel et imaginé, dans lequel flotte une végétation souple. Il s’en dégage une atmosphère particulière, un monde onirique et doux, un monde mouvant qui pourrait à tout moment s’animer.
L’ancrage dans la nature peut prendre d’autres formes encore, par exemple ces formes archaïques en silex produites dans les falaises à l’entrée de la baie de Somme, expulsées ensuite par les processus naturels d’érosion auxquels est soumise la falaise, et transposés par l’artiste en de petites figurines en bronze aux formes tout aussi archaïques qui cherchent le dialogue avec leurs ancêtres millénaires en silex.
Juillet 2025, Erhard Friedberg, commissaire de l’exposition

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Bonjour, pourriez vous me donner les jours et heures d’ouverture ? Un grand merci
Bonjour, nous sommes ouverts du mercredi au dimanche de 15 à 19h. A bientôt
Betty Clavel w http://www.hoasi.comww.bettyclavel.com
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