A propos de l’exposition « Espace Couleur«
Thierry Le Saëc est un artiste multi-support, multi-technique et multi-format : Il passe avec une égale aisance de la peinture au dessin, à la gravure, sans oublier l’edition. Il travaille et retravaille avec autant d’acharnement les petits, les moyens et les grands formats. Toutes les matières peuvent trouver usage dans sa pratique artistique : l’acrylique, plus récemment l’huile, encres, crayon, cire, pastel gras, matières diverses (chiffons, bout de bois…) servant aux collages.
Il utilise tous les supports, souvent en les combinant : toiles, cartons, bois, papier sous toutes ses formes. Entre ces techniques d’expression, l’artiste ne fait pas de hiérarchie : pour lui, c’est la justesse du geste qui compte, et son adéquation à ce qu’il cherche à exprimer.
Dans le dessin et la gravure, le geste est minimaliste : il suggère plus qu’il ne montre, il produit des formes étranges d’autant plus mystérieuses que le trait est simple. L’utilisation de la couleur est parcimonieuse et subordonnée, faite pour enrichir, rehausser le dessin, non pour s’imposer. Un sentiment de calme et de sérénité émane de ces créations.

Dans la peinture le geste est déterminé et ferme, les couleurs franches et affirmées, comme pour assurer la supériorité de la surface sur ce qu’elle cache. Souvent, l’attrait vient de ce qu’on sent confusément qu’il y a plus à voir que ce qui se voit d’emblée. Alors, on scrute les bordures des toiles pour y découvrir la trace d’une autre couche, recouverte mais laissée visible par endroits, volontairement ou au hasard des coups de pinceaux. On examine le tableau, avec le vague pressentiment qu’il en cache un autre. L’usage parcimonieux de la technique du collage peut renforcer encore cette impression d’épaisseur sous une surface qui se donne à voir.
L’exposition que l’Espace Poulguen consacre aujourd’hui aux œuvres récentes de Thierry Le Saëc s’efforce à documenter la multiplicité et la variété des moyens et des techniques d’expression utilisés. De grandes toiles y côtoient une multiplicité de petits formats (dessins, gravures, toiles), illustrant la richesse et surtout la complémentarité des moyens d’expression choisis par l’artiste. On en sort convaincu : peu importe le support, peu importe la technique, c’est la justesse du geste, son adéquation à l’intention artistique qui compte.
Le Guilvinec, septembre 2025, Erhard Friedberg
