Thierry Le Saëc

A propos de l’exposition « Espace Couleur« 

Thierry Le Saëc est un artiste multi-support, multi-technique et multi-format : Il passe avec une égale aisance de la peinture au dessin, à la gravure, sans oublier l’edition. Il travaille et retravaille avec autant d’acharnement les petits, les moyens et les grands formats. Toutes les matières peuvent trouver usage dans sa pratique artistique : l’acrylique, plus récemment l’huile, encres, crayon, cire, pastel gras, matières diverses (chiffons, bout de bois…) servant aux collages.

Il utilise tous les supports, souvent en les combinant : toiles, cartons, bois, papier sous toutes ses formes. Entre ces techniques d’expression, l’artiste ne fait pas de hiérarchie : pour lui, c’est la justesse du geste qui compte, et son adéquation à ce qu’il cherche à exprimer.

Dans le dessin et la gravure, le geste est minimaliste : il suggère plus qu’il ne montre, il produit des formes étranges d’autant plus mystérieuses que le trait est simple. L’utilisation de la couleur est parcimonieuse et subordonnée, faite pour enrichir, rehausser le dessin, non pour s’imposer. Un sentiment de calme et de sérénité émane de ces créations.

Dans la peinture le geste est déterminé et ferme, les couleurs franches et affirmées, comme pour assurer la supériorité de la surface sur ce qu’elle cache. Souvent, l’attrait vient de ce qu’on sent confusément qu’il y a plus à voir que ce qui se voit d’emblée. Alors, on scrute les bordures des toiles pour y découvrir la trace d’une autre couche, recouverte mais laissée visible par endroits, volontairement ou au hasard des coups de pinceaux. On examine le tableau, avec le vague pressentiment qu’il en cache un autre. L’usage parcimonieux de la technique du collage peut renforcer encore cette impression d’épaisseur sous une surface qui se donne à voir.

L’exposition que l’Espace Poulguen consacre aujourd’hui aux œuvres récentes de Thierry Le Saëc s’efforce à documenter la multiplicité et la variété des moyens et des techniques d’expression utilisés. De grandes toiles y côtoient une multiplicité de petits formats (dessins, gravures, toiles), illustrant la richesse et surtout la complémentarité des moyens d’expression choisis par l’artiste. On en sort convaincu : peu importe le support, peu importe la technique, c’est la justesse du geste, son adéquation à l’intention artistique qui compte.

Le Guilvinec, septembre 2025, Erhard Friedberg                                                                              

Août 2024 – Impressions d’une exposition

Par Erhard Friedberg

Les sleepers Y, émail sur toile, 129X30 – 2024

En entrant dans l’exposition, on est d’abord subjugué par l’éruption des couleurs qui remplit les yeux. Trois grandes toiles alignées dans lesquelles se joue la danse des couleurs autour d’un centre doré, tantôt placé en haut de la toile, tantôt en son centre. A côté, une série de cartons suspendus dans lesquels se joue la même confrontation de couleurs, mais de manière plus épurée et économe.

L’artiste utilise l’encre de chine qui a la particularité de ne pas se recouvrir, mais de se mêler. Les teintes obtenues ne sont pas toujours prévisibles, en fonction non seulement de leur juxtaposition, mais aussi en fonction de la nature du support (toile ou carton).

Danijela Gracner est une artiste gestuelle, instinctive, qui crée à travers des ajouts de touches successives qui sont autant de gestes de création. L’œuvre émerge et se constitue progressivement jusqu’à ce que l’artiste juge ne rien pouvoir ajouter.

Mais Danijela Gracner a plus d’une corde à son arc, et son art ne se résume pas au gestuel. Il y a aussi la série des « sleepers », qui coexiste avec une autre série appelée « Byzantine Warriors », laquelle n’est pas représentée dans cette exposition.

La série des « sleepers » confronte le spectateur avec un alignement de silhouettes posées les unes à côté des autres. Elles sont plus ou moins détaillées, plus ou moins précises, mais le plus souvent très stylisées, réduites à l’essentiel. Le support de ces silhouettes est tantôt une toile, tantôt une planche de bois. Dans le premier cas, le matériau utilisé est l’émail coulé sur la toile à l’aide d’un bâton. Dans le second, les silhouettes sont dessinées et peuvent selon les cas être soulignées par l’ajout de matériaux comme du sable noir. L’inspiration est clairement la frise telle qu’on la trouve dans les temples antiques.

Mais c’est surtout le contraste entre ces deux séries d’œuvres qui frappe le visiteur. D’un côté l’éruption des couleurs et du geste, de l’autre le calme de ces silhouettes tournées vers le spectateur, qui le regardent, pour ne pas dire l’interrogent. On ne peut s’empêcher d’être ému devant cet alignement de contours de personnages qui invitent à la méditation. Elles nous renvoient à nous-mêmes, et nous interrogent sur notre attitude. Sommes-nous des « sleepers », sommes-nous restés endormis, laissant en friche des parties de nous-mêmes, à l’instar des silhouettes qui nous regardent ?

Libération par le geste ou amorce d’une réflexion existentielle : les deux séries d’œuvres sont bien les deux facettes complémentaires du processus de création qui forme un tout.

Le regard de Laurie Demir sur les « gens d’ici »

! Soutenue par LOIRE DEPARTEMENT, Villages de caractère

Etudiante à l’école des Beaux-Arts d’Angers, elle s’était jointe à Regards Sur comme stagiaire pendant l’été 2018. Elle a décidé de revenir pour prendre des clichés des « gens d’ici ». Elle a réalisé ses clichés dans différents villages, à Saint-Bonnet-le-Château, Marols et Montarcher.

Laurie travaille directement en noir et blanc, ce qui lui permet d’oublier qui ils sont pour se concentrer sur ce qu’ils essaient de transmettre.