Réflexions autour de notre public

Tout au long de l’été, les médiatrices ont noté quelques informations sur les visiteurs de quatre des cinq expositions proposées. Une analyse en a été faite dans le rapport d’activité 2018. En voici des extraits.

Sébastien Ruiz – l’exposition préférée du public
Août – RDC Hôtel d’Epinac

Cette exposition est sans conteste celle qui a déclenchée le plus d’enthousiasme (89% des visiteurs interrogés ont apprécié), et a attiré le plus de spectateurs (près de 600 sur 3 semaines).

Pour mémo : le sculpteur, armé de son chalumeau, crée, à partir de blocs de métal concassé qu’il achète juste avant qu’ils n’aillent à la fonderie, des sculptures représentant des personnages humains et des têtes.
Le public a apprécié : la générosité de l’oeuvre ; un travail impressionnant ; l’aisance de la circulation dans l’installation au RDC de l’Hôtel d’Epinac ; l’apparente légèreté des sculptures (souvent très lourdes).
Le public a construit instantanément une relation chaleureuse avec l’œuvre et l’artiste qui l’a réalisée, un artiste qu’il considére comme vraiment doué et qu’il est heureux de valoriser.  

Noriko Fuse – Juillet – un beau succès

Pour memo : l’exposition proposait l’œuvre d’une peintre graveur franco-japonaise dont l’inspiration est la nature et le temps qui passe. Son trait est léger et sa culture et formation première japonaise émergent délicatement de son travail.
Le public a apprécié (72 % ) une œuvre intimiste et délicate, qui touche ; le registre de l’émotion est très souvent présent.

« Pierres bleues », photographies de Philippe Hervouet
L’étonnement au rendez-vous !

Pour mémo : l’exposition proposait les originaux des photos affichées dans les rues de la ville.
Le public a apprécié (63%) : l’originalité (l’inattendu) de l’oeuvre ; les techniques du sténopé et du cyanotype ; la découverte de Saint-Bonnet sous un angle différent.
Ici, l’interaction intéressée entre le public et l’exposition passe par le plaisir de la découverte – de techniques, d’une ville « différente » – et la curiosité qu’elle suscite.

Jean-Yves Bocher, peintre de l’aléatoire
Une réception mitigée

Pour mémo : Jean-Yves Bocher est un peintre informel breton intéressé par le travail de la couleur. Peintre de l’aléatoire, il exerce son art sur le sol, laissant les éléments extérieurs (pluie, etc) travailler ses tableaux.

Le public a apprécié (43% satisfaits) la spontanéité du travail, les couleurs, le rythme. Les avis sont multiples : certains aiment les gravures, d’autres les tableaux ; d’autres encore les oeuvres en noir et blanc.
Souvent le public balance, hésite, désarmé par ce travail qui lie la création à l’aléatoire.

Conclusion : Un public actif et qui s’interroge

Nombre de visites : 1724, soit environ 1200 visiteurs sur 2 mois.
Répartition du public : 32% hommes, 56% de femmes, et 12% de moins de 20 ans qui n’ont pas été classés par sexe).
Répartition par âge : 43 % de + de 60 ans ; 31 % entre 40 et 60 ans; 14% entre 20 et 40 ans, et 12% de moins de 20 ans.

L’âge étant estimé approximativement par les jeunes stagaires, cette information est à prendre délicatement. Elle fait néanmoins ressortir la surreprésentation des seniors (43% vs 23.8% moyenne nationale).

Emotion, plaisir, enthousiasme, admiration, mais aussi interrogation, doute, le public, heureux la plupart du temps, dit clairement pourquoi et comment il apprécie : il « aime » ou « n’aime pas » (Fuse), acteur de son sentiment ; il est heureux de la découverte qui aiguise sa curiosité, le pousse à voir autrement (Hervouet) ; il passe un vrai bon moment en compagnie d’un travail qui l’enchante et le fait rêver (Sébastien Ruiz) ; il s’interroge sérieusement sur le sens de l’art (Bocher).

Heureux ou embarrassé, le public réagit différemment suivant mes expositions. Il soulève avec raison des questions complexes inhérentes à l’art, et notamment la question première : qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ? Un tableau lavé au karcher (Bocher) est-il encore une oeuvre ? Une sculpture faite de matériaux de récupération (Ruiz) peut-elle être vraiment une œuvre ?
Parfois, réticente, dans l’incertitude, une petite partie du public s’agace : « je ne sais pas », « je ne suis pas éduqué(e) », « on n’y connait rien ». Si ces remarques marquent sans doute une timidité face à une œuvre qui surprend, déconcerte ou dérange, et face à laquelle on pense n’avoir pas de repères, si ce « mal à l’aise » se transforme en colère – ça m’énerve quand je ne comprends pas », il n’en reste pas moins l’expérience d’une confrontation avec un autre, un autre différent.

Il n’y a pas de « vérité de l’œuvre » seulement de temps à autre, de belles rencontres à faire. Parfois il ne se passe rien, et cela n’a pas d’importance. Il faut continuer à explorer cet art pour découvrir ce qui nous parle, nous enchante, nous surprend, nous enthousiasme, nous dérange, pour finalement être l’acteur de sa propre découverte.

 


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Auteur : regardssurblog

Regards Sur... est une association Loi 1901, qui organise des événements autour des arts plastiques. Initialement créée à Lyon, elle a organisé de nombreuses expositions estivales d'art contemporain en Auvergne. En 2022, elle s'installe au Guilvinec en 2022, et, en 2024, sous la présidence de Philippe Kérourédan, elle ouvre un atelier-résidence d'artistes (peinture, sculpture, installation, art brut). Elle est à la recherche de partenariats et de lieux d'exposition.

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