Carnet de voyage à Buenos Aires : « Mexico Moderno » au MALPA

Exposition au musée d’art latino-américain de Buenos Aires* (MALBA) 

Sélection et traduction : Maryvonne Crépinge

1. Une modernité cosmopolite

C’est dans la nouvelle configuration du modernisme cosmopolite mexicain que se détache l’estridentismo, un des mouvements les plus actifs, les plus anti-institutionnels et multiples qui a été présenté comme l’« avant-garde actualiste », une avant-garde qui adorait le futurisme urbain et qui, dans un  manifeste publié en 1921, appelait à « créer et non pas à copier les modèles étrangers ».

Au début du XXe siècle, alors que les écoles de beaux-arts sont en pleine rénovation, les artistes mexicains, tout comme ceux d’autres pays latino-américains, commencent à se déplacer et à dialoguer avec l’Europe, se liant avec ses intellectuels, ses artistes, et avec les avant-gardes. Ces différents courants modernistes promeuvent un refus du passé, un culte du progrès, et sont à la recherche d’une rénovation radicale.

La ville de Mexico, au cœur de toutes les avancées technologiques, se développe de façon vertigineuse. Un nouveau mode de vie se déploie, au style décontracté et hédoniste inspiré du mouvement féministe. On retrouve ce tourbillon sensoriel et intellectuel au centre des représentations esthétiques tant dans les arts plastiques, y compris la photographie, qu’en littérature, en musique et au cinéma.

 

2. La révolution sociale

La vie du Mexique moderne a été marquée par la révolution de 1910-1917 qui a rendu possible la reconnaissance des garanties sociales, les droits collectifs du travail, et une revalorisation du monde indigène, permettant à l’inconscient ethnique enfoui de renaître, à la recherche de sa propre histoire. […]

siqueiros_ok.jpgLes revendications sociales influencèrent fortement les politiques éducative et artistique […] avec pour objectif de consolider l’identité mexicaine. C’est grâce à cette politique que la peinture murale du Mexique acquit une portée universelle et une qualité internationalement reconnue, en partie parce que des édifices du pays, éloignés des musées élitistes, en furent le support sur lequel travaillèrent les peintres mexicains ou étrangers comme Diego Riviera,   José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros, Roberto Montenegro, Xavier Guerrero, Jean Charlot (français), Carlos Mérida (guatémaltèque) et Isamu Noguchi (japonais) .

siqueirois_laguerre_ok.jpgLa vie du Mexique moderne a été marquée par la révolution de 1910-1917 qui a rendu possible la reconnaissance des garanties sociales, les droits collectifs du travail, et une revalorisation du monde indigène, permettant à l’inconscient ethnique enfoui de renaître, à la recherche de sa propre histoire. […]

Les revendications sociales influencèrent fortement les politiques éducative et artistique […] avec pour objectif de consolider l’identité mexicaine. C’est grâce à cette politique que la peinture murale du Mexique acquit une portée universelle et une qualité internationalement reconnue, en partie parce que des édifices du pays, éloignés des musées élitistes, en furent le support sur lequel travaillèrent les peintres mexicains ou étrangers comme Diego Riviera,   José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros, Roberto Montenegro, Xavier Guerrero, Jean Charlot (français), Carlos Mérida (guatémaltèque) et Isamu Noguchi (japonais) .

La création d’une culture populaire

La recherche identitaire s’est aussi manifesté au travers d’éléments populaires, se référant aux notions d’« indigène » et d’« authentique » mexicain, qui  furent revendiquées pour établir une modernité étendue à tout le pays, et pas seulement à la capitale. Dans les œuvres, on observe la manière par laquelle les racines archaïques imprègnent les festivités populaires et le syncrétisme religieux, dans lesquels se mélangent, comme un symbole mexicain, les rituels païens et catholiques : les carnavals, le culte de la mort, les danses, le folklore, les masques et les costumes typiques des différentes ethnies, le monde tellurique des âmes des défunts, et « l’esprit »  de la nation en relation avec l’histoire culturelle du pays .

 

Les expériences surréalistes

En 1938, André Breton (chef de file du mouvement surréaliste en France*) affirmait, depuis le territoire mexicain : “le Mexique est le pays le plus surréaliste du monde ! »

 (*Mouvement littéraire et plastique proposant de révolutionner l’expérience humaine en repoussant la vision rationnelle au profit de l’expression authentique et automatique de l’inconscient (y compris les rêves), en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
1924-Paris-publication du Premier manifeste surréaliste, qui acquit une portée internationale.)

Au Mexique, la situation fut différente de celle des autres pays parce que ce type d’expression, authentique, libre, sans préjuges, et quasi sauvage, existait déjà depuis les époques ancestrales. Les racines et les traditions du monde préhispanique, remplies d’éléments mythiques et totémiques, d’animaux et fruits fantastiques, d’imposantes architectures symboliques régies par différentes cosmogonies, ajoutées aux traditions religieuses royales, se fondèrent  en une vaste iconographie populaire, faite de festivités, retables, exvotos, et autels.

 JoseGUADALUPE.jpgCes éléments, unis au symbolisme du début du siècle (qui déjà annonçait un goût pour le macabre et le sexuel) et aussi attachés au repositionnement de la femme moderne et de sa sensualité, apparurent potentialises dans les années 30. C’est ce que montre notamment les expériences surréalistes d’artistes comme Augustin Lazo, Frida Kahlo ou Maria Izquierdo , entre autres.

FridaKahlo_01Peu après, arrivèrent au Mexique des artistes et intellectuels surréalistes qui fuyaient l’Europe à cause de la guerre : Remedios Varo, et Benjamin Peret, Leonora Carrington, Wolfgang Paalen et Alice Rahon, Jose et Kati Horna, Gunther Gerszo, entre autres. Ils découvrirent un pays qui incitait à l’exploration de l’inconscient et dans lequel affleurait un art puissant et magique.

Ainsi, dans une fusion entre l’européen et l’autochtone, le surréalisme se convertit en une alternative au muralisme nationaliste.


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Auteur : regardssurblog

Regards Sur... est une association Loi 1901, qui organise des événements autour des arts plastiques. Initialement créée à Lyon, elle a organisé de nombreuses expositions estivales d'art contemporain en Auvergne. En 2022, elle s'installe au Guilvinec en 2022, et, en 2024, sous la présidence de Philippe Kérourédan, elle ouvre un atelier-résidence d'artistes (peinture, sculpture, installation, art brut). Elle est à la recherche de partenariats et de lieux d'exposition.

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